Agressivité du chat : les causes et les remèdes
Parmi les troubles du comportement qui motivent souvent une consultation vétérinaire, les conduites agressives vis-à-vis de membres de la famille viennent juste après la malpropreté. Il est en effet important de consulter le vétérinaire avant que la situation ne dégénère, surtout si le chat vit au contact de personnes vulnérables, comme des enfants ou des personnes âgées.
Les différents types d’agression
Avant de savoir quelle conduite adopter envers le chat, il faut savoir pourquoi il se comporte de manière « méchante » ; les comportements agressifs peuvent être observés dans des situations et des contextes très différents.
Les agressions territoriales
Le chat est un animal solitaire et vouloir adopter un autre chat pour que le premier « ne s’ennuie pas » est généralement une mauvaise idée. Dans la majorité des cas, la cohabitation sera à l’origine de conflits territoriaux, surtout si le lieu d’habitation est petit.
L’attitude d’un chat prêt à attaquer un congénère (ou un autre animal) est très caractéristique : ses oreilles sont plaquées sur la tête, les membres raides, le dos arqué, le poil hérissé et la queue est hérissée en goupillon. Le chat a les pupilles dilatées, il feule, crache, marche en crabe et gronde en avançant jusqu’à ce que son « adversaire » recule. Les chats dont l’état émotionnel est très perturbé peuvent même saliver, uriner et déféquer sous l’effet du stress. Le chat s’apaise dès que l’intrus a disparu.
Les agressions par peur
Ne pas déranger un chat qui se repose est une règle de base et les enfants doivent apprendre très vite à respecter la tranquillité du chat.
Le chat n’aime pas qu’un intrus, même si c’est quelqu’un qu’il connaît, pénètre dans son espace personnel. En s’approchant pour le caresser alors qu’il dort dans son panier ou sur son coussin préféré, vous risquez de lui faire peur et de provoquer une réaction défensive.
Ne perturbez pas non plus votre chat pendant qu’il mange ou qu’il est en train d’observer quelque chose par la fenêtre ou dans le jardin. Attendez plutôt qu’il prenne l’initiative. Un chat qui a envie de câlins sait toujours se faire clairement comprendre !
Les agressions par irritation
Les préférences tactiles varient selon les individus mais des caresses trop appuyées ou trop rapides stressent la plupart des chats, qui considèrent qu’on leur manque de respect ! Certains comportements agressifs des chats sont également dus au fait qu’ils ont mal quand on les manipule.
Caressez votre chat délicatement
Faites toujours preuve de douceur quand vous caressez votre chat ; gardez le frottement énergique du pelage pour le chien ! En général, les chats apprécient peu d’être caressés à l’arrière du corps et dans la région de la queue. Sachez aussi vous arrêter à temps car certains chats, lorsqu’ils sont caressés longtemps, atteignent un seuil d’excitation qui déclenche l’agression : ils se retournent alors brutalement pour mordre la main qui les caressait.
Apprenez à savoir ce qui est tolérable pour votre chat et à repérer les signes montrant qu’il vaut mieux arrêter de le caresser, comme un léger battement de queue par exemple.
Sachez repérer des douleurs éventuelles
Quand un chat a mal quelque part, les manipulations et des caresses dans des zones sensibles peuvent déclencher des douleurs ; ne vous étonnez pas alors que votre chat se retourne pour vous mordre ! Cela se produit par exemple avec les chats âgés qui souffrent d’arthrose au niveau de l’arrière-train.
Dans le doute, faites examiner votre chat par le vétérinaire. Outre l’arthrose, de nombreuses maladies peuvent expliquer un comportement agressif d’apparition brutale chez un chat : hyperthyroïdie, atteinte cérébrale, troubles urinaires, douleurs dentaires… Pour la sécurité de tous, faites contrôler la santé de votre chat par le vétérinaire au moins une fois par an.
Les agressions par déficit d’auto-contrôle
De nombreux propriétaires décrivent de véritables séquences d’agression « préméditées » chez leur chat qu’ils qualifient alors de « méchant ». Le chat se comporte avec les humains comme s’il chassait une proie : il reste immobile en embuscade, le corps ramassé, puis il bondit sur la cheville ou la main de quelqu’un qui passe à sa portée pour la griffer ou la mordre violemment. L’état des mains et des bras des propriétaires attestent de la véracité de leur témoignage.
Ce type de comportement se manifeste en particulier chez des chats qui ont été séparés trop tôt de leur mère et de leur fratrie (avant l’âge de 8 à 10 semaines), et qui n’ont pas eu le temps d’apprendre à contrôler leurs pulsions agressives. Un chaton orphelin ou élevé au biberon peut ainsi être incapable de s’empêcher de mordre et de griffer quand il joue avec les humains. Normalement, c’est en effet la mère qui apprend à ses chatons à respecter certaines règles en jouant. Si le jeu dégénère, elle n’hésite pas à plaquer les chatons par terre. En jouant entre eux, les chatons apprennent aussi progressivement à rétracter leurs griffes, à maîtriser la force de leurs mâchoires et à canaliser leur impétuosité.
Au moment de l’adoption, un chaton doit être capable de contrôler son agressivité. Si ce n’est pas le cas, il ne peut pas établir des relations normales avec l’homme. Non seulement, il « joue » de manière agressive mais le chaton devient aussi intolérant à toute forme de contrainte : dès qu’on le prend, il « se cabre », met les membres en extension, sort les griffes, miaule et se débat pour s’échapper. Ces comportements peuvent devenir dangereux s’ils ne sont pas recadrés très vite.
Des séquences d’agression prédatrice s’observent aussi chez des chats qui acceptent mal d’être mis au régime pour perdre du poids. La frustration les pousserait alors à attaquer leur propriétaire au moment de la préparation des repas. On appelle cela le « syndrome du tigre » !
Savoir réagir face aux comportements agressifs
Quel que soit l’âge du chat, il faut réagir très vite s’il manifeste des tendances agressives. Plus on attend, plus la situation risque de s’aggraver.
Bien choisir et bien éduquer son chaton
Pour minimiser le risque de déficit d’autocontrôle, il est conseillé d’adopter un chaton dans un élevage ou chez un particulier où il a été bien entouré. S’il a été élevé avec sa mère et sa fratrie jusqu’à 9-10 semaines, dans un environnement où il aura été manipulé tous les jours, il sera en principe bien socialisé et saura contrôler sa morsure et ses griffures. Au contraire, si le chaton n’a pas eu de contacts suffisants avec des personnes variées au début de sa vie, il lui sera difficile d’apprendre les règles de la vie en société car toute personne nouvelle lui fera peur.
Une fois le chaton arrivé chez vous, ne le laissez surtout pas vous mordiller les doigts en jouant ou vous griffer. S’il vous fait mal, dites-lui simplement « non » fermement et stoppez le jeu aussitôt. Si vous adoptez la même attitude à chaque fois que le chaton mord ou griffe intempestivement, le chaton comprendra vite les limites à ne pas franchir.
Ne criez pas et n’ayez pas de réaction brutale qui pourrait l’effrayer sinon son excitation va croître et il risque de développer de l’anxiété. Ne punissez pas non plus le chaton en le tapant avec la main, vous encourageriez ses tendances agressives.
Désamorcer les « attaques »
Même si cela peut faire rire au début, il ne faut absolument pas laisser un chat vous guetter puis sauter sur vous par surprise. Ce type de « jeu » ne doit pas être toléré. Si jamais votre chat commence à présenter ce type de comportement, tâchez de rediriger son attention sur autre chose avant que l’agression n’ait lieu. Vous pouvez par exemple lui lancer une balle dans une autre direction, produire un bruit sec (claquer des mains par exemple) ou encore l’asperger d’un peu d’eau. Utiliser un pistolet à air comprimé pour enfants pour le faire fuir est déconseillé car le chat risque alors d’être effrayé par tous les produits en sprays.
Consulter tôt un vétérinaire comportementaliste
Quelle que soit l’origine du problème, il est nécessaire de consulter un vétérinaire comportementaliste si les agressions se répètent. Il vous aidera à « déconditionner » votre chat grâce à une thérapie comportementale, éventuellement complétée par un traitement avec un médicament psychotrope pour limiter les manifestations agressives.
Il faut prendre au sérieux les comportements agressifs d’un chat dès son plus jeune âge car un déficit d’autocontrôle peut vite se transformer en un syndrome d’hypersensibilité-hyperactivité (HSHA). Ce syndrome favorise les agressions par peur : quand le chat n’a pas la possibilité d’échapper à une situation qui le rend anxieux, il réagit violemment.
Un chat HSHA présente fréquemment d’autres troubles du comportement : son temps de sommeil est anormalement faible, il passe son temps à courir sans but, à explorer son environnement de manière désordonnée et à provoquer les conflits. Son hyperactivité se manifeste aussi la nuit, ce qui réveille les propriétaires. Les chatons HSHA présentent souvent des troubles alimentaires : ils deviennent boulimiques et les grandes quantités de nourriture qu’ils consomment finissent par entrainer des troubles digestifs. La malpropreté vient enfin fréquemment s’ajouter au tableau : ces chatons ont tendance à faire du marquage urinaire un peu partout dans la maison.
À ce stade, il devient très difficile de rééduquer le chat et il est peu probable d’arriver à modifier son comportement sans avoir recours à un traitement médicamenteux pendant plusieurs mois.
FAQ
Des comportements agressifs sont plus souvent rapportés dans les races asiatiques (siamois, abyssin, burmese…) que dans d’autres races. Ces chats sont réputés très émotifs et sont donc les plus susceptibles de présenter des réactions d’agression par peur. La robe du chat pourrait aussi avoir une influence : les chats « écaille de tortue » (tricolore) ou à robe noire et blanche seraient, paraît-il, plus enclins aux réactions agressives. Cela reste cependant à confirmer et les contre-exemples doivent être nombreux !
L’agression est qualifiée d’instrumentalisée quand le chat a compris que mordre, griffer ou simplement feuler suffit à dissuader son propriétaire (ou le vétérinaire) de l’obliger à subir une situation qu’il juge désagréable. Le chat peut par exemple commencer par refuser de se laisser brosser et progressivement, il n’acceptera plus aucune manipulation contraignante. Le chat apprend à généraliser sa réponse agressive à toute situation contraignante pour lui.
Le chat représente un danger pour l’entourage quand on a laissé ses comportements agressifs se manifester sans réagir. Quelle que soit la cause initiale des morsures ou des griffures, un chat qui prend l’habitude d’agresser les personnes peut devenir de plus en plus imprévisible : il n’enverra plus de signaux de menace avant d’attaquer et ses morsures seront de moins en moins contrôlées. Pour ne pas en arriver à une situation où l’euthanasie du chat deviendra incontournable, il est indispensable de se faire aider par un professionnel pour rééduquer le comportement du chat.