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Les chenilles processionnaires sont dangereuses pour les chiens

#Chien#Prévention / dépistage 04/12/2021

Dans de nombreuses régions, des chenilles rousses descendent des pins au printemps. Elles se tiennent les unes aux autres et la file peut compter plusieurs centaines de chenilles, d’où leur nom de « processionnaires ». Ces insectes parasitent les pins et de nombreux conifères mais le principal danger provient de leurs poils urticants, capables de provoquer des lésions graves chez l’homme et les animaux, dont les chiens.

 

Quel est le cycle biologique des chenilles processionnaires ?

La chenille processionnaire est la forme larvaire d’un papillon gris-brun, velu (Thaumetopoea pityocampa). On le voit rarement car il est nocturne et ne vit en général pas plus d’un ou deux jours !

Reproduction en été

Les papillons sortent de terre en été pour se reproduire. Après l’accouplement, la femelle dépose entre 70 et 300 œufs dans un conifère. Ils forment un manchon argenté sur les rameaux. Les chenilles éclosent 5 à 6 semaines plus tard ; elles se nourrissent d’aiguilles de pin et sont reliées entre elles par un fil de soie.

Automne et hiver dans les arbres

Les chenilles construisent des abris sur les branches où elles vivent en colonies. Dès que la nourriture leur manque, elles construisent un nouveau nid plus haut. Ces chenilles vont effectuer trois mues pendant l’automne. En hiver, les nids sont devenus de gros cocons blanchâtres et sont visibles de loin dans les arbres. Les chenilles passent l’hiver dans le nid mais en sortent la nuit pour se nourrir dans l’arbre.

Retour au sol au printemps

Une longue file de chenilles quitte l’abri quand la température dépasse 10°C. Les chenilles sont devenues brunes avec des taches orangées, elles mesurent 4-5 cm de long et sont couvertes de soies blanches. Elles descendent à terre pour chercher un endroit ensoleillé où s’enterrer et finir leur développement. Leur rayon d’action est d’environ 40 m.

Elles vont rester sous terre pendant plusieurs mois (voire quelques années si les conditions météo sont mauvaises), jusqu’à ce que la chrysalide se métamorphose en papillon et recommence le cycle.

Pourquoi ces chenilles sont-elles dangereuses ?

 

Une chenille processionnaire possède sur le dos des petites poches remplies de centaines de milliers de poils microscopiques, hérissés de barbilles comme des harpons. Si la chenille sent un danger, elle libère ces poils qui sont alors emportés par le vent et peuvent venir se planter dans la peau ou les muqueuses. Lorsque le poil se casse, il libère un venin qui provoque des démangeaisons très vives.

Le grattage favorise la pénétration des poils dans le derme, aggravant ainsi le phénomène. Des lésions comparables à des brûlures peuvent apparaître chez l’homme ou l’animal.

Le danger peut se manifester sans contact direct avec les chenilles : une fois qu’elles ont quitté le nid, elles laissent des poils derrière elles, qui gardent leur pouvoir urticant jusqu’à 2 ans. Il est donc dangereux de manipuler un nid vide.

Que provoquent les chenilles processionnaires chez un chien ?

Chaque printemps, les chenilles font des victimes dans les zones où elles sont présentes. Les accidents observés avec les chiens se produisent le plus souvent en mars-avril, à l’époque où les chenilles processionnaires effectuent leur migration à terre.

La face touchée en priorité

Quand les chiens tentent d’attraper les chenilles, les poils provoquent une inflammation généralisée des muqueuses de la région buccale, de la langue, des voies respiratoires… Un œdème de la gorge peut se développer très vite, qui devient dramatique s’il empêche l’animal de respirer normalement. Une projection des poils vers les muqueuses oculaires entraîne aussi une conjonctivite, des lésions des paupières et de la cornée (kératite ulcéreuse).

Même si le chien est présenté rapidement à un vétérinaire, le pronostic dépend de l’étendue des lésions. Quand celles-ci sont graves et étendues, les zones touchées se nécrosent en quelques jours : des ulcères apparaissent dans la cavité buccale et la partie nécrosée de la langue peut se détacher.

Autres lésions cutanées

Lorsque le contact avec les poils urticants a lieu à un autre endroit du corps, ou que le chien disperse les poils urticants sur son pelage en se grattant, des signes classiques d’inflammation cutanée se développent localement : rougeur, gonflement, douleur, prurit…

Symptômes généraux

Un chien intoxiqué par des chenilles processionnaires présente aussi des symptômes non spécifiques : vomissements, diarrhées et abattement marqué.

A la suite de plusieurs contacts successifs, il arrive que le système immunitaire des animaux se sensibilise au venin des chenilles. Des réactions allergiques peuvent alors parfois conduire à un état de choc, avec des symptômes nerveux.

Que faire en cas de contact avec des chenilles processionnaires ?

Si, après un séjour dans le jardin ou une promenade, vous voyez votre chien se frotter le museau compulsivement, se mettre brutalement à baver, pleurer, si la langue gonfle ou qu’il a du mal à déglutir et à respirer, la seule chose à faire consiste à rincer à grande eau les zones touchées. Ne frottez surtout pas car vous augmenteriez la pénétration du venin dans la peau.

Précipitez-vous ensuite chez le vétérinaire pour qu’il administre un traitement adapté au chien.

Comment lutter contre les chenilles processionnaires ?

Lorsqu’on possède des arbres parasités par les chenilles processionnaires sur son terrain, il est fortement conseillé de les traiter et c’est même une obligation dans de nombreuses communes particulièrement touchées par cette infestation.

La lutte contre les chenilles processionnaires du pin peut prendre différentes formes mais les traitements sont à faire chaque année car les arbres sont régulièrement réinfestés par les papillons femelles qui viennent pondre dans un rayon de 3 km à partir de leur lieu d’éclosion. De plus, les chenilles peuvent parfois rester enfouies dans le sol plusieurs années avant de réapparaître sous forme de papillons…

Enlever les nids

Enlever les nids dans les arbres est une opération délicate qui nécessite une très bonne protection (combinaison, masque, lunettes, gants). Mieux vaut donc confier cette tâche à une société spécialisée. Les nids seront ensuite brûlés en prenant les précautions nécessaires pour éviter la dispersion des poils.

Détruire les chenilles

Les arbres peuvent être traités à l’automne avec une solution contenant une bactérie, le bacille de Thuringe (Bacillus thuringiensis), capable de détruire les chenilles. Cette méthode de lutte biologique est sans danger pour les autres animaux, les insectes pollinisateurs, les végétaux et les utilisateurs.

Des bandes de glu posées sur le tronc en fin d’hiver, avant que les chenilles ne descendent des arbres, jouent également un rôle de protection contre la migration des chenilles. Si les chenilles sont nombreuses, cette méthode sera cependant insuffisante pour les bloquer.

Le plus efficace consiste à poser des pièges sur les troncs, qui attirent les chenilles avec des phéromones au moment où elles descendent de l’arbre. Toute la colonie peut ainsi être piégée.

Piéger les papillons

Ce piégeage peut être fait au printemps. Les papillons mâles sont attirés par des pièges posés dans les arbres qui diffusent des phéromones perceptibles par les insectes. Les papillons volent autour du piège et finissent par tomber dedans. Cette technique écologique permet aussi la détection et le suivi des populations.

L’efficacité des méthodes présentées ici est d’autant plus grande que plusieurs techniques sont associées.

FAQ

D’autres arbres que les conifères peuvent-ils héberger des chenilles processionnaires ?

Il existe une autre espèce de chenille processionnaire en France, qui parasite les chênes (Thaumetopoea processione) et dont la zone d’extension progresse. Contrairement à la chenille des pins, tout le développement a lieu dans l’arbre : les larves ne migrent pas au sol. Ces chenilles sont responsables d’attaques très sévères.

Faut-il écraser les chenilles à terre ?

Si vous repérez une procession de chenilles, empêchez bien sûr votre chien de les approcher mais n’essayer pas de les détruire ; vous déclencheriez la dispersion des poils urticants dans l’air. Si les chenilles sont sur votre terrain, laissez-les s’enterrer et évitez de tondre la pelouse dans les jours qui suivent : attendez que la pluie ou les arrosages entrainent les poils dans le sol car le contact avec des végétaux souillés par les poils des chenilles peut suffire à provoquer des symptômes.

Les chenilles processionnaires ont elles des prédateurs ?

Plusieurs espèces de guêpes consomment les chenilles processionnaires et aussi quelques oiseaux, dont le coucou et la mésange charbonnière. La présence de cette dernière peut donc être encouragée en installant des nichoirs dans le jardin ! Les chauves-souris consomment aussi les papillons nocturnes.

 

La destruction des chenilles processionnaires est-elle obligatoire ?

De nombreuses communes ont pris des arrêtés rendant en effet obligatoire la destruction des nids au printemps, ainsi qu’un traitement préventif en automne. Les propriétaires (ou locataires) de parcelles où sont implantés des arbres infestés sont tenus d’utiliser des méthodes de lutte homologuées. Rapprochez-vous de votre mairie pour savoir quelles sont les techniques recommandées.