Quand et contre quoi vacciner les chiens ?
Le principe de base de la vaccination consiste à « apprendre » à un organisme à reconnaître un agent infectieux potentiellement dangereux et à stimuler la réponse immunitaire qui se déclenchera ensuite.
Vacciner très tôt les chiots contre les principales maladies qui les menacent est important car leur système immunitaire est immature par rapport à celui d’un chien adulte ; leur sensibilité aux agents pathogènes (virus, bactéries, parasites…) est donc accrue. Les rappels de vaccination chez les chiens adultes ne doivent cependant pas non plus être oubliés !
Contre quelles maladies peut-on vacciner un chien ?
La dangerosité d’une maladie et sa fréquence d’apparition chez les chiens font arbitrairement diviser les vaccins en deux grands groupes : les vaccins essentiels (qui devraient être administrés à tous les chiens) et les vaccins circonstanciels, dont l’utilité dépend du mode de vie du chien.
Les vaccins essentiels
Les vaccins contre la maladie de Carré (C), l’hépatite contagieuse (H) et la parvovirose (P) sont considérés comme essentiels pour tous les chiens. Ces trois maladies virales sont en effet potentiellement mortelles et surtout très contagieuses. Les trois vaccinations peuvent être administrées ensemble, avec un vaccin dit « CHP ».
Même si ce vaccin est moins systématiquement administré, tous les chiens devraient également être vaccinés contre la leptospirose (L) ; cette maladie bactérienne est fréquente car il existe de nombreuses espèces « réservoirs » qui peuvent diffuser des leptospires dans l’environnement du chien, même en ville ; c’est par exemple le cas des rats, des hérissons et des mustélidés (belette, fouine, martre, putois…).
Les vaccins circonstanciels
Comme leur nom l’indique, l’intérêt des vaccins circonstanciels dépend des circonstances, soit des conditions de vie du chien. Avant de proposer ces vaccins, le vétérinaire analysera donc le risque auquel est exposé l’animal.
Vaccin antirabique
La France est un pays officiellement indemne de rage mais le vaccin antirabique est exigé pour voyager à l’étranger avec un chien ou importer un chien d’un autre pays. La vaccination antirabique reste cependant conseillée pour tous les chiens, à cause du risque que font peser les animaux importés illégalement des pays où la rage circule encore. La vaccination antirabique obéit à une règlementation très précise, qu’il faut impérativement respecter pour que le vaccin soit considéré comme valide.
Vaccin contre la « toux de chenil »
Les chiens vivant en collectivité, surtout les plus jeunes, sont très exposés à des maladies respiratoires que l’on regroupe sous le terme de « toux de chenil ». Il existe un vaccin pour lutter contre ce syndrome respiratoire, qui protège en particulier le chien contre le virus parainfluenza du chien et contre une bactérie, Bordetella bronchiseptica.
Vaccins contre certains parasites
La leishmaniose et la piroplasmose (ou babésiose) sont deux maladies fréquentes chez les chiens, qui sont respectivement transmises par des petits insectes volants (les phlébotomes) et par les tiques. En fonction de l’exposition du chien à ces vecteurs, il peut être recommandé de vacciner le chien contre ces maladies. Il existe aussi un vaccin contre la borréliose de Lyme, une autre maladie transmise par les tiques.
Vaccins contre le tétanos
Les chiens ne sont pas très sensibles au tétanos mais la contamination peut cependant se produire, au contact des espèces sensibles. Il peut par exemple être utile de vacciner les chiens vivant avec des chevaux.
À quel âge commencer les vaccinations chez un chiot ?
Chez un chiot, l’âge habituellement retenu pour débuter la vaccination est de 8 semaines. Il est cependant envisageable de débuter la vaccination dès l’âge de 6 semaines quand le chiot est exposé à un risque infectieux important, notamment au parvovirus canin.
Vacciner trop tôt est inutile car, pendant leurs premières semaines de vie, les chiots possèdent des anticorps transmis par leur mère via le colostrum, soit le lait produit pendant les heures suivant la naissance. Tant qu’ils sont présents, les anticorps d’origine maternelle présents dans la circulation protègent le chiot en neutralisant les antigènes qu’ils rencontrent, mais cela inclue aussi les antigènes vaccinaux ! La réponse normale à la vaccination est alors inhibée.
La durée d’action des anticorps transmis par le colostrum varie beaucoup en fonction du statut vaccinal de la mère, de la qualité de son colostrum, du nombre de chiots dans la portée, etc. Chez un jeune chiot, il est donc nécessaire de répéter les injections vaccinales pour être sûr de le protéger
Combien faut-il faire d’injections vaccinales ?
Le nombre d’injections dépend de l’âge au début de la vaccination, qui lui-même dépend de l’analyse du risque infectieux effectuée par le vétérinaire.
Primovaccination
Vaccin essentiels
Trois injections sont recommandées à intervalles de 4 semaines, soit en général à 8, 12 et 16 semaines. La dernière vise surtout à faire diminuer le taux d’échec de la vaccination contre la parvovirose, lorsque les anticorps maternels persistent très longtemps. Chez certains chiots, ils sont en effet susceptibles de perturber la réaction immunitaire jusqu’à l’âge de 4 mois ! Lorsqu’un chiot a bien reçu ses 3 premières injections vaccinales entre 8 et 16 semaines, une 4e interviendra entre l’âge de 26 et 52 semaines, pour finaliser la primovaccination.
Si le protocole de primovaccination n’a pas pu démarrer aussi tôt, une seule injection de primovaccination sera réalisée vers 16 semaines. A cet âge, les anticorps maternels ne posent en principe plus de problème. Une seconde injection sera effectuée entre l’âge de 26 et 52 semaines.
Vaccin contre la leptospirose
Pour initier la vaccination contre la leptospirose, 2 injections séparées de 3 à 5 semaines sont recommandées. Même si les vaccins contre la leptospirose ne sont pas aussi sensibles que les vaccins CHP à l’immunité d’origine maternelle, il est important de veiller à ce que la 2e injection ait lieu après 12 semaines, voire de débuter cette vaccination à 12 plutôt qu’à 8 semaines lorsque le contexte le permet.
Vaccin contre la rage
La première vaccination antirabique peut généralement être effectuée à partir de l’âge de 12 semaines mais la vaccination n’est considérée comme valide que 21 jours au moins après la date de l’injection.
Autres vaccins
Les protocoles de vaccination peuvent varier selon les vaccins commercialisés par les différents laboratoires. Votre vétérinaire vous conseillera le meilleur protocole à adopter, en fonction de l’origine et du mode de vie de votre chiot.
Rappels de vaccins
Une fois la primovaccination finalisée (en incluant l’injection finale après 26 semaines), le chien est en principe protégé pendant 1 à 3 ans. Pour entretenir la mémoire immunitaire, il est cependant nécessaire de continuer à stimuler régulièrement l’immunité du chien avec des rappels de vaccin. Dans le cas de la rage, le respect des dates de rappels est primordial (au jour près !). Aucune tolérance n’est applicable : attention si vous voyagez à l’étranger avec votre chien.
Les dates des rappels vaccinaux varient suivant le type de vaccin utilisé mais une visite vétérinaire annuelle est de toute façon toujours recommandée pour faire le bilan de santé du chien et s’assurer qu’il est bien à jour de ses vaccinations.
Les vaccins sont-ils dangereux pour les chiens ?
La vaccination est un acte de médecine préventive qui doit être réalisé sur un chien en bonne santé. Le risque zéro n’existe pas mais les vaccins canins utilisés en France présentent un excellent profil d’innocuité. Lorsque des effets indésirables se produisent, le vétérinaire peut les déclarer auprès de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), du Centre de pharmacovigilance vétérinaire de Lyon (CVPL) ou directement auprès du laboratoire commercialisant le vaccin. Toutes les déclarations sont centralisées par l’ANMV.
Les réactions vaccinales sans gravité
Il arrive qu’une injection vaccinale entraîne une inflammation au site d’injection. Elle se manifeste alors par de la rougeur, de la chaleur et de l’œdème mais ne nécessite en général pas de traitement particulier. On observe aussi parfois des réactions générales, pouvant se traduire par les signes suivants : léthargie, anorexie, fièvre, augmentation de volume des ganglions locaux, douleurs articulaires, signes digestifs… Un traitement symptomatique est alors mis en place par le vétérinaire en fonction de l’importance de la réaction.
Les effets indésirables graves
Les effets indésirables graves des vaccins sont exceptionnels : en France, une étude* a montré qu’ils n’étaient observés en moyenne qu’une fois tous les 27 000 chiens vaccinés.
Dans trois quarts des cas, ces effets graves sont liés à des réactions d’hypersensibilité dont les symptômes apparaissent dans les 12 heures qui suivent l’injection. Un œdème de la face est souvent le premier signe d’une telle réaction mais des troubles cardiovasculaires, respiratoires, digestifs ou nerveux peuvent aussi se développer. Les petits chiens paraissent plus à risque que les grands, surtout s’ils sont très jeunes. Un traitement d’urgence et une hospitalisation du chien sont alors nécessaires.
Manque d’efficacité du vaccin ?
Un manque d’efficacité du vaccin (le plus souvent vis-à-vis de la parvovirose) est incriminé dans presque 20 % des évènements indésirables graves. Cela s’observe surtout chez les jeunes chiens, chez qui les anticorps d’origine maternelle étaient encore présents au moment de la vaccination ou qui présentaient une autre maladie empêchant le système immunitaire de bien réagir.
Compte tenu de la fréquence des vaccins, les effets indésirables liés à la vaccination sont rares chez les chiens et la balance bénéfice/risque est largement en faveur de la vaccination. Celle-ci doit cependant être raisonnée et les chiens à risque, en particulier les chiots de petites races, pourront faire l’objet de précautions particulières de la part du vétérinaire lors de la vaccination. Pour réduire encore plus l’incidence des évènements indésirables, les pratiques vaccinales évoluent avec les connaissances scientifiques et les obligations réglementaires.
*LOHEZIC J., « Étude rétrospective des déclarations d’événements indésirables graves suite à l’utilisation de vaccins chez le chien », thèse d’exercice vétérinaire, 2018, École nationale vétérinaire de Toulouse.
FAQ
C’est une évidence mais si des épidémies de maladies infectieuses canines n’ont pas été observées depuis longtemps en France, c’est en grande partie grâce aux vaccins qui permettent de protéger efficacement les chiens de ces maladies. La maladie de Carré est certes devenue rare mais elle n’a pas disparu : le virus circule au sein de la faune sauvage et vacciner les chiens est le seul moyen de continuer à les protéger contre cette maladie très grave. Arrêter de vacciner risquerait de produire une résurgence de cette maladie.
Les adjuvants sont des substances qui améliorent la réponse immunitaire en augmentant le pouvoir immunogène du vaccin. En favorisant une réponse inflammatoire, qui constitue la première étape de la réponse immunitaire, l’adjuvant provoque une réaction de l’organisme plus précoce, qui dure plus longtemps. Les adjuvants sont surtout utilisés dans les vaccins dits « inertes », « inactivés » ou « tués », qui provoquent une réaction immunitaire plus faible que les vaccins vivants.
Lorsqu’un chien présente des risques particuliers de développer des effets indésirables (chien jeune, de petite race, présentant un terrain allergique…), la vaccination sera « raisonnée » en fonction de son âge, de sa race, de son état physiologique, du contexte épidémiologique, etc. Des mesures préventives seront aussi mises en place : le vétérinaire adaptera le vaccin à la situation et surveillera attentivement le chien après l’injection. Même chez un chien sensible, la balance bénéfice/risque des vaccins reste largement en faveur de leur utilisation.
Pour en savoir plus :
- Directives de vaccination des chiens et des chats (source WSAVA)