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Les causes pathologiques de la perte de poils chez un chat

#Chat#Santé 30/05/2022

Les chats perdent leurs poils toute l’année, même si le phénomène s’intensifie pendant la mue, au printemps et en automne. Ce renouvellement physiologique du pelage ne doit cependant pas être confondu avec un phénomène pathologique : quand la pousse des nouveaux poils ne compense pas la perte des anciens, c’est que quelque chose ne va pas !

L’alopécie est un phénomène pathologique

L’alopécie est définie comme l’absence de poils dans une zone du corps qui en est normalement pourvue, que ce soit sur le tronc, l’abdomen, les cuisses ou la queue. Le terme alopécie vient du nom latin du renard argenté Alopex, dont la mue soudaine le laisse nu pendant un laps de temps.

Une alopécie peut être due à une diminution du nombre de poils mais aussi de leur calibre ou de leur longueur. L’alopécie est qualifiée de partielle lorsque la densité du pelage diminue, ou de complète si la chute de poils est telle que la peau est dénudée.

De multiples causes d’alopécie

Si votre chat perd excessivement ses poils, une consultation chez un vétérinaire est indispensable pour identifier la cause et pouvoir la traiter. La chute des poils peut en effet être due à de multiples maladies (parasitaires, infectieuses, allergiques…) mais aussi à des carences nutritionnelles ou même parfois à des anomalies génétiques.

Pour établir un diagnostic, le vétérinaire prend en compte de nombreux critères : l’âge du chat, sa race et bien sûr, l’aspect ainsi que l’étendue des lésions. Savoir si la perte de poils est liée ou non à des démangeaisons cutanées est une des premières questions à résoudre pour identifier la cause.

Des examens complémentaires sont souvent nécessaires pour exclure ou confirmer certaines causes de pertes de poils. Des prélèvements de poils ou de peau seront par exemple examinés au microscope, ou envoyés au laboratoire pour demander leur mise en culture.

Le chat se gratte et/ou se lèche

Les parasites cutanés et les allergies sont les causes les plus fréquentes d’alopécie chez le chat, à cause des démangeaisons qu’elles provoquent. Sauf si elles sont très intenses, en général un chat se gratte moins qu’un chien. Il a plus tendance à intensifier le léchage de son pelage. Comme la langue du chat est recouverte de petites papilles cornées, le léchage compulsif est très agressif pour le pelage et même pour la peau car la langue fonctionne alors comme une râpe : elle provoque la cassure et la chute des poils.

Si votre chat se lèche beaucoup plus que d’habitude, ne confondez pas ce comportement avec le toilettage « normal » : il cherche peut-être à calmer ses démangeaisons ou à apaiser son stress, quelle qu’en soit l’origine. Dans tous les cas, le résultat peut être identique : ses poils tombent…

Infestations parasitaires

Même si les parasites restent invisibles, un chat peut héberger des insectes (comme les puces) ou des acariens parasites (demodex, gale sarcoptique…) sur sa peau. Des champignons parasites sont aussi parfois la cause d’une perte de poils.

Infestation par les puces

Quand la perte de poils démarre sur le bas de la colonne vertébrale et sur les cuisses, et que le chat se gratte et ou se lèche beaucoup, cela évoque fortement une infestation par les puces. Dans un premier temps, la peau elle-même n’est pas atteinte mais si on laisse évoluer sans intervenir, elle ne tarde pas à présenter des signes d’irritation et l’alopécie se généralise.

Chez environ un tiers des chats qui souffrent de « pulicose » (infestation par les puces), la peau semble hérissée de petits points rugueux, comme des grains de mil. On parle alors de dermatite miliaire. C’est l’élément clinique le plus fréquemment observé.

Présence de dermatophytes

La teigne est une maladie très fréquente chez les chats, surtout à poil long (persans). Elle est due à un champignon parasite (Microsporum canis surtout), qu’on appelle un dermatophyte. Théoriquement, la teigne n’est pas initialement une maladie prurigineuse mais des démangeaisons peuvent quand même apparaître. Le vétérinaire envisagera donc à cette hypothèse s’il observe une perte anormale de poils sur le chat.

L’examen au microscope des poils prélevés dans les zones touchées permet souvent de faire le diagnostic : l’extrémité des poils est cassée, les poils sont courbés en forme de crochet ou de virgule, des squames jaunes-brunâtres sont présents… Dans de nombreux cas, le parasite provoque la fluorescence du pelage lorsque le chat est exposé aux ultraviolets (lumière de Wood).

Maladies allergiques

Différents troubles immunitaires sont observés chez les chats, tels que les allergies alimentaires ou la dermatite atopique. Les chats peuvent aussi se sensibiliser à la salive des puces. Dans ce type d’allergie, les pertes de poils se développent surtout sur la face, les oreilles et le cou, mais l’abdomen peut aussi être touché.

En cas d’allergie, les démangeaisons deviennent tellement intenses que le chat peut réellement s’automutiler tellement la sensation devient insupportable pour lui. L’alopécie s’accompagne donc d’excoriations cutanées et de lésions croûteuses.

Perte de poils sans démangeaisons

Quand le chat ne souffre apparemment pas de démangeaisons cutanées, d’autres hypothèses que les parasites externes et les allergies seront envisagées pour expliquer une perte anormale de poils.

Carences nutritionnelles

Tous les nutriments jouent directement ou indirectement un rôle dans la santé de la peau et de la beauté du pelage ; il est donc toujours difficile de relier une chute de poils à un déficit nutritionnel particulier. Il est particulièrement important de revoir les apports en protéines, en oligo-éléments et en vitamines du groupe B mais c’est l’équilibre global de l’alimentation qu’il faut considérer.

Les protéines

Chaque poil est composé à 85 % de protéines, contenant beaucoup d’acides aminés soufrés (méthionine et cystine). On estime que 25 à 30 % des besoins protéiques du chat servent à couvrir les besoins de la peau et du poil. Un déficit global en protéines ou un apport insuffisant en méthionine et cystéine entraînent une diminution du diamètre du poil qui devient cassant. On observe ensuite une chute anormale de poils et un ralentissement de la repousse, le pelage devenant de plus en plus clairsemé.

Les oligo-éléments

Cuivre, fer, zinc (…), tous les oligo-éléments sont indispensables à la pousse du poil. Il faut cependant particulièrement insister sur le rôle essentiel du zinc. Ce minéral est indispensable au fonctionnement de nombreuses enzymes, en particulier celles qui interviennent dans la synthèse de l’ADN. Le zinc est donc très important pour les cellules qui se renouvellent souvent, comme celles de la peau et du pelage.

Les vitamines du groupe B

Les vitamines du groupe B constituent un ensemble très large qui comprend les vitamines B1, B2, B6 mais aussi la vitamine PP, la biotine (ou vitamine H), l’acide folique, l’acide pantothénique et la choline. Toutes ces vitamines interviennent à des niveaux différents dans la santé du pelage. Elles sont éliminées naturellement dans l’urine et ne posent pas de problème de toxicité par accumulation excessive. On peut donc faire faire aux chats des cures régulières de vitamines B. La meilleure source est la levure de bière : une supplémentation est classiquement recommandée chez l’homme pour la santé des cheveux et des ongles et le pelage du chat en bénéficie également !

Alopécie post-traumatique

Des blessures, des brûlures, des cicatrices post-chirurgicales sont susceptibles d’abimer la peau au point que les poils ne repoussent pas. Le manque de vascularisation locale est bien souvent en cause.

Anomalies génétiques

Les affections génétiques responsables de perte de poils chez le chat sont très rares mais elles sont décrites dans la littérature vétérinaire.

Lorsqu’un chat est par exemple atteint de pili torti, les tiges pilaires sont aplaties et se tordent à 180° le long de l’axe longitudinal. Cela se traduit par une chute de poils symétrique, siégeant surtout au niveau des oreilles, sur la face dorsale de la tête, les carpes, les tarses, les zones axillaires et l’extrémité de la queue. Cette maladie entraîne souvent des inflammations locales au niveau des pieds, des griffes, etc. Les poils peuvent parfois repousser mais présentent toujours les mêmes anomalies.

FAQ

Pourquoi certains chats sont-ils « nus » ?

Le sphinx est l’exemple d’une race qui a été créée à partir de la sélection d’une anomalie génétique conduisant à la raréfaction des poils. Sinon, l’absence de poils est la plupart du temps considérée comme un défaut grave. De nombreuses recherches sont en cours dans plusieurs races, pour connaître le mode de transmission des alopécies génétiques et tenter de les éradiquer.

 

Quelle est la densité normale de poils dans le pelage du chat ?

Le chat possède un pelage très dense : il contient 800 à 1600 poils par cm2, soit le double de chez le chien. Dans les races adaptées aux climats froids (ex : chat des forêts norvégiennes), la fourrure est particulièrement bien fournie, de manière à être isolante et imperméable. Le pelage est composé d’un mélange de poils longs relativement épais (poils primaires), constituant le poil de couverture, et de poils plus courts et plus fins (poils secondaires) constituant le sous-poil. Le chat possède environ 10 à 15 poils secondaires pour 1 poil primaire (contre 3 à 5 pour 1 chez le chien).

Que faire lorsque la peau du chat est dénudée ?

Le traitement dépendra de la cause de l’alopécie mais en attendant que le poil repousse, l’application d’une crème hydratante ne pourra être que bénéfique. Des shampoings émollients ou visant à limiter la séborrhée sont également conseillés. A la belle saison, un écran solaire total sera appliqué pour protéger les zones dénudées.

Faut-il brosser son chat régulièrement ?

Il est important de brosser un chat, surtout en période de mue, pour éliminer un maximum de poils morts et éviter que le chat n’en avale trop en se léchant, ce qui pourrait entrainer la formation de boules de poils dans l’estomac et l’intestin. Au cours d’une année, la quantité de poils perdue est au minimum de 100 g ! Un brossage régulier aide aussi à détecter rapidement des blessures cutanées ou la présence de parasites, rendus invisibles par l’épaisseur du pelage.