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Un chien peut éternuer pour de nombreuses raisons

#Chien#Santé 04/07/2022

L’éternuement est un acte réflexe : il fait suite à l’irritation des terminaisons nerveuses qui tapissent la muqueuse du nez. Expulser violemment de l’air en éternuant aide à évacuer les substances ou les débris qui peuvent être présents dans le nez et gêner la respiration. Lorsqu’un chien éternue, il émet souvent des bruits très bizarres, différents de ce que nous produisons quand nous éternuons.

Deux types d’éternuements chez le chien

Lorsque quelque chose gêne le chien au niveau du nez ou du pharynx, il peut chercher à se soulager de deux façons : soit en expulsant l’air vers les cavités nasales (éternuement normal), soit au contraire en inspirant très fort pour faire descendre les sécrétions vers le fond de sa gueule et déglutir. On parle alors d’éternument inversé, de reverse sneezing ou encore d’internuement.

L’éternument inversé se caractérise par des bruits respiratoires violents qui évoluent par crises. Certains les comparent aux ronflements produits par les cochons ! Pendant la crise, la gueule du chien est fermée, le cou est tendu en avant et le thorax se creuse. Ce comportement peut inquiéter les propriétaires car le chien semble s’étouffer. Il ne faut pas non plus le confondre avec une tentative infructueuse de vomissements.

Les causes des éternuments inversés sont souvent les mêmes que celles des éternuements classiques mais des crises de reverse sneezing peuvent aussi parfois apparaître sans raison apparente. Certains chiens en présentent lorsqu’ils sont excités, en mangeant, en buvant ou en reniflant lorsqu’ils se promènent dehors. Si ce comportement se répète régulièrement, filmez la scène et consultez votre vétérinaire.

Replacer les éternuements dans leur contexte

Un chien peut ressentir des chatouillements dans les narines à cause d’une irritation passagère et se mettre à éternuer : rien de grave ! Il ne faut s’inquiéter que si les éternuements sont très fréquents et/ou si le chien présente d’autres signes inhabituels, surtout s’il s’agit d’un chiot ou d’un chien âgé. Le mode de vie et l’âge du chien sont des éléments importants à prendre en compte pour identifier la cause la plus probable des éternuments.

Cas des chiots récemment adoptés

S’il s’agit d’un jeune chiot récemment adopté dans un refuge, il y a de fortes chances que les éternuements soient liés à une cause infectieuse, surtout si le chiot n’est pas encore bien vacciné. Les éternuements font par exemple partie des symptômes observables lorsqu’un chiot est atteint par la « toux de chenil » (aussi appelée « trachéobronchite infectieuse »), une maladie contagieuse très fréquente chez les chiens vivant en collectivité. Elle est due à l’action de nombreux agents pathogènes, notamment un virus de type parainfluenza et la bactérie Bordetella bronchiseptica.

La « toux de chenil » se transmet entre chiens via les sécrétions respiratoires des animaux infectés : les aérosols qu’ils produisent en toussant et/ou en éternuant peuvent contaminer les chiens à proximité. La transmission peut aussi être indirecte car certains agents pathogènes résistent bien dans le milieu extérieur et contaminent donc durablement l’environnement du chien.

Cas des chiens âgés

Si votre chien est âgé et qu’il éternue très souvent depuis quelque temps, une maladie chronique peut être suspectée. En fonction des autres signes présentés, le vétérinaire vous proposera d’effectuer des examens approfondis pour trouver la cause exacte.

Prendre en compte l’environnement du chien

Un chien qui vit au contact d’autres chiens présente plus de risques de contracter une maladie respiratoire infectieuse qu’un chien qui vit seul. Lorsque le chien se promène dans des endroits où l’herbe est haute, il arrive aussi qu’un corps étranger pénètre dans ses narines et soit la cause de l’irritation.

Les chiens peuvent être victimes d’allergies respiratoires, aux pollens par exemple. La saison d’apparition des éternuements est alors un indice précieux pour faire le diagnostic.

Lorsqu’un chien est exposé à la pollution de son environnement, par exemple si ses propriétaires fument ou laissent la poussière s’accumuler dans la maison, cela favorise le développement d’inflammations respiratoires chroniques, à l’origine d’éternuements. Il faut aussi faire attention à ne pas exposer le chien à des produits volatils toxiques issus des nettoyants ménagers, des produits phytosanitaires vaporisés sur les plantes, etc.

Repérer d’autres signes anormaux

Les éternuements constituent un motif fréquent de consultation vétérinaire. Si vous amenez votre chien à la clinique pour cette raison, n’oubliez pas de signaler ce que vous avez observé d’anormal récemment, en dehors des éternuments.

Comportement anormal ?

Votre chien se frotte-t-il le nez ou a-t-il tendance à déglutir en dehors des repas ? Ces signes de gêne locale peuvent évoquer la présence d’un corps étranger.

Votre chien semble-t-il moins dynamique que d’habitude ? Son appétit s’est-il modifié ? La fièvre et la perte d’appétit accompagnent généralement les infections virales

Autres signes respiratoires ?

« Le nez qui coule » est un signe très fréquemment associé aux éternuements. Dans le cas d’un animal, on parle de « jetage ». Le cas échéant, il faudra savoir si cet écoulement nasal est uni- ou bilatéral et quelle est sa nature : suivant la couleur des sécrétions nasales, les hypothèses diagnostiques peuvent être différentes.

Un chien victime d’une affection respiratoire peut aussi présenter une respiration bruyante, de la toux, des écoulements oculaires…

Lésions sur la face ?

Le vétérinaire recherchera la présence éventuelle de protubérances anormales au niveau du nez, en regard des dents ou au niveau des ganglions lymphatiques. Elles peuvent être consécutives au développement d’une infection dentaire ou d’une tumeur.

Causes fréquentes d’éternuements aigus

Corps étrangers, traumatismes et infection par la toux de chenil sont les principales causes pouvant expliquer l’apparition brutale de crises d’éternuments chez les chiens.

Corps étrangers

À la belle saison, les chiens qui se promènent dans les herbes hautes peuvent accidentellement inhaler des épillets, ces petites structures végétales disséminées par les graminées. Comme les épillets portent des barbules qui leurs permettent de s’accrocher, ils peuvent pénétrer profondément dans les narines ainsi que dans d’autres cavités naturelles. Le chien manifeste alors sa gêne très visiblement : il se frotte le museau, il éternue, il peut chercher à vomir… Si l’épillet reste fiché plusieurs jours dans la muqueuse nasale, un jetage purulent apparaît, avec parfois du sang à l’intérieur. Le retrait du corps étranger par le vétérinaire s’effectuera en général sur le chien anesthésié.

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Traumatismes

Des éternuements sont parfois déclenchés par des traumatismes des cornets nasaux, à cause des saignements survenant dans les cavités nasales. Lorsque le nez du chien est bouché par du sang séché, les éternuements à répétition risquent d’entrainer une hémorragie importante. Si vous pensez que votre chien a pu être victime d’un accident sur la voie publique, une consultation vétérinaire urgente s’impose.

Complexe infectieux respiratoire canin

Plutôt que de parler de « toux de chenil » ou de « trachéobronchite infectieuse », les vétérinaires utilisent maintenant le terme de « complexe infectieux respiratoire canin » car il s’agit effectivement d’une affection complexe, à l’origine de nombreux signes cliniques et faisant intervenir une vingtaine d’agents pathogènes. La bactérie Bordetella bronchiseptica est cependant l’agent pathogène le plus fréquemment impliqué : chez les chiots de moins de 6 mois, elle est présente dans presque la moitié des cas.

La toux de chenil est hautement contagieuse : un chien atteint peut produire des aérosols contaminés pendant 4 à 8 mois. Tous les lieux de rassemblement de chiens sont donc potentiellement à risque : élevages, refuges mais aussi expositions canines, salons de toilettage, pensions, centres d’éducation, parcs à chiens, etc.

Causes fréquentes d’éternuements chroniques

Lorsqu’ils se répètent très souvent, la cause des éternuments est en général à relier à des malformations anatomiques ou à une irritation chronique du nez (ou rhinite), pouvant elle-même être due à une multitude de maladies sous-jacentes.

Anomalies anatomiques

Les chiots nouveau-nés présentent parfois des anomalies anatomiques qui font communiquer les cavités orale et nasale : il peut s’agir d’une simple fistule oronasale ou d’une fusion incomplète des différentes parties du palais, laissant ouvertes les fentes palatines. Les races brachycéphales (dont le boston terrier et le pékinois) sont particulièrement prédisposées à ce problème.

Ces anomalies anatomiques provoquent des éternuements lorsque le chiot mange ou boit, mais aussi de la toux et des infections respiratoires, à cause du risque de fausse déglutition (ou « fausse-route »). Si un traitement chirurgical est possible, le pronostic est généralement bon.

Infections chroniques

Une infection évoluant à bas bruit dans les sinus, le nasopharynx ou même au niveau des racines dentaires (qui communiquent avec les sinus) peut déclencher des éternuements sur un mode chronique.

Infections dentaires

Des fistules oronasales peuvent se développer suite à une infection dentaire. Les chiens de petites races présentent par exemple souvent ce type de lésions en regard des crocs de la mâchoire supérieure.

Aspergillose nasale

Un champignon du genre Aspergillus peut être à l’origine d’une infection chronique des cavités nasales et des sinus. La maladie se développe surtout à la faveur de traumatismes nasaux ou d’un déficit immunitaire.

Classiquement, l’aspergillose nasale se manifeste par des éternuements et par du jetage intermittent, devenant progressivement continu. Le chien peut saigner du nez après une crise d’éternuements. Lorsque les cornets nasaux sont atteints, le chien respire de manière anormalement bruyante. Dans les formes graves, la maladie provoque une déformation de la face à cause de la libération de toxines nécrosantes. L’état général du chien est alors très affecté et il existe un risque de septicémie mortelle.

Parasites de l’appareil respiratoire

Les parasites internes ne logent pas tous dans le tube digestif ! Il existe aussi des vers qui parasitent l’appareil respiratoire, tel que Angiostrongylus vasorum, responsable d’une maladie bien connue chez le chien, l’angiostrongylose.

Le chien se contamine en général en consommant des mollusques porteurs du parasite, comme des limaces et des escargots. La toux et les difficultés respiratoires sont les symptômes les plus fréquents de l’angiostrongylose mais des éternuements sont parfois aussi observés.

Polypes et tumeurs

Les polypes nasaux sont des tumeurs bénignes qui obstruent les voies respiratoires et provoquent des éternuements. Des tumeurs malignes se développent parfois aussi dans les cavités nasales, et ce sont plutôt les chiens âgés qui sont touchés.

Pour déterminer la nature de la tumeur et faire un pronostic, le vétérinaire devra faire un prélèvement et l’envoyer au laboratoire pour analyse.

Si votre chien éternue de manière occasionnelle et qu’il n’a pas de problèmes de santé, surveillez-le pendant quelques jours et cherchez une cause possible de ses éternuements dans son environnement. Si les éternuements persistent ou que votre chien présente d’autres symptômes, consultez votre vétérinaire dès que possible.

FAQ

Comment limiter le risque de toux de chenil chez un chiot ?

Il existe des vaccins contre la toux de chenil : c’est un bon moyen de protéger les chiens vivant en collectivité, en particulier les chiots. La vaccination diminue la gravité des signes cliniques (toux, écoulements oculaires et nasaux, éternuements, respiration difficile…) et l’excrétion des agents pathogènes, donc le risque de contagion. Elle peut démarrer dès l’âge de 6 à 8 semaines et peut s’effectuer par voie intranasale mais aussi parentérale (par injection) et même par voie orale.

 

Si un chien éternue pendant une vaccination intranasale, le vaccin sera-t-il efficace ?

Vacciner directement dans les narines est une des voies d’administration du vaccin contre la « toux de chenil ». Cette voie permet d’induire en quelques jours la production d’anticorps au niveau des muqueuses respiratoires, porte d’entrée des agents pathogènes. Il est en effet fréquent que le chien éternue pendant la vaccination mais c’est normal ! Le chien ne « rejette » pas le vaccin pour autant car celui-ci est injecté à l’intérieur de la muqueuse.

 

Quels sont les examens vétérinaires envisageables lors de rhinite chez un chien ?

Pour trouver la cause de la rhinite à l’origine des éternuements, plusieurs types d’examens peuvent être envisagés : biopsie dans les cavités nasales, imagerie (rhinoscopie, radiographie, scanner, IRM…). Des tests PCR peuvent aussi servir à confirmer une cause infectieuse.

Pour en savoir plus

eternuements-reverse-sneezing-chien (source : Vetissimo)