Le virus FIV du chat : des points communs avec le virus responsable du sida chez l’homme
Il y a quelques années, un journal avait titré en une : « le Sida des chats ». Ce terme avait affolé les propriétaires qui pensaient qu’une transmission du chat à l’homme était possible, ce qui n’est absolument pas le cas. En revanche, les virus FIV et HIV appartiennent à la même famille : ce sont tous les deux des rétrovirus, capables d’induire une immunodépression.
Ne pas confondre FelV, FIV et HIV !
Deux virus peuvent entraîner des troubles de l’immunité chez les chats : le virus de la leucose féline (ou virus leucémogène félin : le FeLV) et le virus de l’immunodéficience féline (FIV). Ils possèdent une caractéristique commune : la capacité de s’intégrer au noyau des cellules et de rester « cachés » dans l’organisme du chat, qui devient porteur du virus à vie. En France, il existe un vaccin contre le virus FelV mais pas contre le FIV.
Le virus FIV a été identifié dans les années 1980, comme le virus du sida (HIV), et un parallèle a rapidement été fait entre les symptômes observés chez l’homme touché par le HIV et le chat contaminé par le FIV. Cela a entrainé l’appellation abusive de « sida du chat ». Si les deux sont des virus à ARN capables de s’intégrer au génome des cellules, aucun cas de transmission d’une espèce à l’autre n’a jamais été relevé. Un chat contaminé par le FIV ne présente aucun risque pour les personnes de son entourage.
Quel est le mode de transmission du FIV ?
Contrairement à ce qu’on observe pour le sida, la transmission par voie sexuelle du FIV est anecdotique. Chez le chat, le FIV est excrété dans la salive et la contamination a surtout lieu par morsures entre chats. Les chatons sont particulièrement réceptifs au FIV alors qu’en vieillissant, les chats deviennent moins sensibles.
Si votre chat vit exclusivement en appartement, sans contact avec des chats qui sortent, il ne risque pas d’être infecté par le FIV. En revanche, les mâles entiers qui se bagarrent avec d’autres chats sont très exposés au virus : les mâles sont 2,3 à 5,5 fois plus touchés que les femelles.
Le virus FIV est fragile et survit très peu de temps dans le milieu extérieur. Il faut absolument qu’il y ait un contact direct entre chats pour qu’il se transmette ; contrairement à une idée fausse, un chat ne peut donc pas « attraper » le FIV chez le vétérinaire !
L’infection par le FIV est-elle fréquente ?
Il est difficile de dire quel est le taux de chats porteurs du FIV dans la population féline qui a accès à l’extérieur. Les enquêtes épidémiologiques donnent des chiffres de 1 à 11 % selon les pays mais c’est dans les refuges que la prévalence est surtout élevée.
Comment savoir si mon chat a « le sida » ?
Si vous craignez que votre chat n’ait été contaminé par le FIV lors d’une bagarre avec un congénère, attendez deux mois pour demander au vétérinaire d’effectuer un test de dépistage (sauf si votre chat a besoin d’être soigné évidemment !). Il faut en effet à peu près 60 jours pour que des anticorps deviennent détectables, mettant en évidence la séroconversion. Le test de dépistage du FeLV peut bien sûr être effectué en même temps.
Faites aussi faire le test si vous recueillez un chat abandonné ; il est important de connaître son statut vis-à-vis du FIV, surtout si vous avez déjà un chat chez vous. Le dépistage de l’infection par le FIV peut être réalisé à partir de l’âge de 16 semaines.
Le test ne nécessite que quelques gouttes de sang et les résultats sont obtenus rapidement. En cas de résultat douteux, une analyse plus précise (par technique PCR) peut être effectuée.
Que faire si mon chat est positif au FIV ?
Ne vous inquiétez pas trop si le résultat est positif : le suivi des chats FIV + montre que leur espérance de vie n’est pas vraiment diminuée par l’infection (contrairement à celle des chats infectés par le FeLV et a fortiori par les deux virus). Un chat séropositif nécessite simplement un suivi médical au moins deux fois par an, pour surveiller qu’il n’est pas victime d’infections opportunistes à cause de la baisse de ses défenses immunitaires. Il doit être très régulièrement vacciné contre les autres maladies et protégé contre les parasites (internes et externes) qui sont des vecteurs potentiels de maladies.
Parmi les précautions à prendre, évitez de donner de la viande crue à votre chat car elle peut contenir des bactéries inoffensives pour un chat sain mais potentiellement dangereuses chez un chat immunodéprimé. Prenez le moindre symptôme au sérieux et parlez-en à votre vétérinaire car les maladies évoluent vite chez les chats FIV +.
Si votre chat est entier, faites le stériliser pour qu’il risque moins de transmettre le virus à d’autres chats.
Le virus peut vivre jusqu’à 10 ans dans l’organisme sans provoquer de signes particuliers chez le chat ; l’infection est alors en phase asymptomatique. C’est pour cela que, en l’absence de dépistage systématique, le diagnostic d’infection par le FIV est souvent fait tardivement.
Quand des symptômes apparaissent, ils correspondent à l’expression d’un dysfonctionnement du système immunitaire, comme pour le sida chez l’homme. Ces symptômes dépendent des agents infectieux présents dans l’environnement du chat. Il est cependant observé que de nombreux chats malades à cause du FIV présentent une gingivo-stomatite chronique ; l’inflammation commence par les gencives et envahit la muqueuse buccale : de petits ulcères apparaissent, faisant beaucoup souffrir le chat malade. Sinon, un chat infecté par le FIV peut présenter des signes non spécifiques : perte de poids, léthargie, diarrhées, abcès… Des tumeurs diverses peuvent également se développer.
Les personnes atteintes par le HIV développent souvent des maladies rénales et des observations similaires ont été faites chez de jeunes chats entiers positifs au FIV. Les chats âgés de moins de 11 ans et atteints de maladie rénale chronique auraient environ 10 fois plus de risques d’être infectés concomitamment par le FIV.
FAQ
Un vaccin contre le FIV est disponible dans certains pays mais il n’est pas encore autorisé en France car il ne serait pas adapté aux souches virales du FIV que l’on rencontre en Europe. La meilleure prévention contre le FIV consiste à faire stériliser son chat et à éviter qu’il ne soit en contact avec des chats susceptibles de le contaminer.
Théoriquement, un chaton peut être infecté par le FIV in utero ou au moment de la mise-bas mais cela est très rare (contrairement au virus FelV de la leucose féline). En revanche, le virus FIV est une cause possible d’infertilité et d’avortement chez les chattes. Si vous envisagez de faire naître des chatons, il est prudent de faire effectuer un dépistage sérologique avant la mise à la reproduction.
Il est fréquent qu’un chat soit positif vis-à-vis des deux virus mais il n’est pas démontré que l’infection par l’un prédispose le chat à être infecté par le second. En revanche, les chats doublement infectés ont plus de chance de développer des symptômes d’immunodéficience : ils présentent un taux de mortalité 2 à 3 fois plus élevé et meurent plus jeunes que les chats infectés avec un seul virus.
Des virus similaires au FIV ont été découverts chez le lion, la panthère, le lynx, chez des félins d’Amérique du sud ainsi que chez des chats sauvages asiatiques. Ces virus ne contribuent cependant pas à la circulation du FIV chez le chat domestique ! Le syndrome d’immunodéficience est seulement identifié chez le chat domestique, sans qu’on sache expliquer pourquoi les félins sauvages sont plus résistants.
Pour en savoir plus…
- Andreu A., « Contribution à l’étude des facteurs de risque associés à l’infection par le FIV et le FeLV. Etude réalisée en partenariat avec l’association de l’école du chat libre de Toulouse, thèse d’exercice, 2016, Ecole nationale vétérinaire de Toulouse.
- European Advisory Board on Cat Diseases, ‘Le syndrome d’immunodéficience féline », 2009.
- Lisarde-Bouchard LM., « Virus de l’immunodéficience féline (FIV) et vaccination : de la maladie naturelle du chat à un modèle d’étude du sida humain », thèse d’exercice, 2010, Ecole nationale vétérinaire d’Alfort.