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Les chaleurs des chattes : leurs manifestations et leur prévention

#Chat#Le saviez-vous 31/08/2020

Selon une enquête faite chez des possesseurs de chattes, plus de 83 % d’entre eux ignorent qu’une chatte peut parfois être fécondée et devenir gestante dès l’âge de 4 à 5 mois 1 ; en outre, plus de 12 % des propriétaires ont signalé une gestation intempestive* chez leur chatte 1. Pour éviter de faire naître des chatons non désirés, apprenez à reconnaître les signes de chaleur chez une chatte et surtout à prévenir les accouplements non planifiés !

 

Quand surviennent les chaleurs d’une chatte ?

Dans la plupart des cas, les premières chaleurs se manifestent entre le 6e et le 9e mois mais l’âge de la puberté varie beaucoup selon les chattes : elle peut apparaître entre 4 et 12 mois. Dans les races asiatiques comme le siamois ou le burmese, la puberté est très précoce ; à l’inverse, elle est beaucoup plus tardive chez les persans.

Les chaleurs sont saisonnières

La saison a une influence sur l’âge d’apparition des premières chaleurs car la physiologie sexuelle dépend de l’équilibre entre le jour et la nuit : elle est plus active quand les jours allongent et c’est donc au printemps que les premières chaleurs ont le plus de chances de se manifester. Ensuite, les épisodes de chaleurs peuvent se produire toute l’année mais des études faites dans plusieurs races félines montrent que 67 % des cycles de chaleurs se déroulent entre janvier et juin 2.

Entre octobre et décembre, les chattes sont en principe en repos sexuel (on parle d’anœstrus) et il est rare de les voir entrer en chaleurs.

 

Les chaleurs se répètent souvent

Alors qu’une chienne entre en chaleurs tous les 6 mois environ, une chatte présente une succession de cycles de chaleurs pendant toute sa saison de reproduction, qui dure environ 8 mois. Les chaleurs reviennent en moyenne toutes les 2 à 3 semaines et chaque cycle dure entre 4 et 10 jours.

La fréquence et la durée des chaleurs sont plus importantes si le temps d’éclairement quotidien est long et si le chat appartient à une race à poil court. Les chats à poil long ont souvent des chaleurs moins fréquentes et moins marquées que les chats à poil court de type siamois.

Il n’y a pas à proprement parler de ménopause chez les chattes. Elles demeurent capables de se reproduire très tard dans leur vie : les chaleurs ne s’arrêteront donc pas de sitôt !

 

Que se passe t-il pendant les chaleurs d’une chatte ?

Physiologiquement, les chaleurs correspondent à la période d’œstrus, c’est-à-dire celle pendant laquelle la chatte est susceptible d’ovuler et d’être fécondée. Chez la chatte, l’ovulation est provoquée par l’accouplement. En l’absence de stimulation vaginale, l’ovulation ne se produit pas et les chaleurs reviennent régulièrement.

Sur le plan hormonal, les périodes d’œstrus s’accompagnent d’une forte sécrétion d’œstrogènes tandis que le taux de progestérone reste bas.

Quel est le comportement d’une chatte en chaleur ?

Contrairement à la chienne, une chatte ne présente pas de sang coulant de la vulve, ni de pertes transparentes. Seules les modifications du comportement indiquent que la chatte entre en chaleur.

La chatte devient très bruyante et très interactive : ce ne sont que miaulements incessants et demandes réitérées de câlins en se frottant contre les membres de son entourage. Lorsque vous la caressez, elle aplatit son dos (c’est la position de lordose) et dévie la queue pour laisser la vulve accessible lors de la saillie. Une chatte en chaleur a aussi tendance à marquer son environnement : elle dépose de l’urine et des traces de griffes un peu partout ; ces marques contiennent des phéromones qui signalent sa présence et sa réceptivité !

Lorsqu’une chatte entre en chaleur, elle accepte très vite l’accouplement si des chats mâles entiers la repèrent. Elle fuguera volontiers pour aller les rejoindre si elle en a l’occasion ; si votre chatte a accès à l’extérieur, surveillez-la attentivement !

Comment empêcher l’apparition des chaleurs ?

Les comportements liés aux chaleurs des chattes deviennent rapidement très gênants pour les propriétaires. A moins de vouloir faire reproduire sa chatte, mieux vaut envisager la stérilisation temporaire ou définitive. Plusieurs solutions existent pour supprimer les chaleurs…

Stérilisation médicale

Les fameuses « pilules » pour chattes sont des médicaments à base de progestatifs (acétate de mégestrol ou de médroxyprogestérone, proligestone). Leur utilisation à long terme est très déconseillée car les effets secondaires sont nombreux. Outre que ces substances modifient le comportement (l’appétit et la soif sont augmentés, la chatte urine plus souvent…), un  traitement prolongé expose la chatte à de nombreuses maladies graves, dont le diabète, les infections utérines et les tumeurs mammaires 3. Dans l’espèce féline, les tumeurs mammaires sont malignes dans 80 % des cas.

Une alternative à la « pilule » consiste à faire poser un implant hormonal (à base de desloréline) chez la chatte pour retarder l’apparition de la puberté. Il et conseillé de le poser très tôt (idéalement vers 3 à 5 mois) 4. Le traitement est efficace pendant 16 à 37 mois et les chattes traitées redeviennent fertiles ensuite 5.

Stérilisation chirurgicale

Si vous n’envisagez pas de faire reproduire votre chatte, optez plutôt pour l’intervention chirurgicale : plus fiable, moins contraignante et moins dangereuse pour sa santé. L’opération consiste à enlever les ovaires (ovariectomie). Cette ovariectomie ne nécessite pas d’inciser très largement, surtout si le vétérinaire opère par le côté. C’est évidemment une solution définitive, votre chatte ne pourra plus reproduire. Si le vétérinaire s’aperçoit pendant l’opération que la chatte est gestante, il sera alors obligé d’enlever également l’utérus : c’est  l’ovario-hystérectomie.

Après une ovariectomie, la chatte ne doit plus montrer de signes de chaleur, sauf dans le cas (exceptionnel) où du tissu ovarien est resté accidentellement en place. Des frottis vaginaux et un dosage sanguin de progestérone permettront de le confirmer.

Si la stérilisation est pratiquée avant ou dès la puberté, elle permet de diminuer nettement le risque d’apparition des tumeurs mammaires et des métrites (infections de l’utérus).

ovariectomie chatte

En France, plus de 90 % des chattes sont stérilisées. Avec la suppression de la production des hormones sexuelles, les chaleurs des chattes disparaissent, les miaulements intensifs, les fugues et le marquage diminuent, et la cohabitation sereine avec l’homme est favorisée. Enfin et surtout, la stérilisation empêche la naissance de chatons non désirés : ne laissez pas reproduire votre chatte si vous n’êtes pas certain de pouvoir placer les chatons : les refuges sont pleins de chats abandonnés.

FAQ

Est-il mieux de laisser une chatte avoir ses premières chaleurs avant d’être stérilisée ?

Non, aucun bénéfice n’a été montré pour la santé de la chatte. Au contraire, plus la stérilisation est précoce, plus la prévention des tumeurs mammaires est efficace. Avoir une portée au moins dans sa vie ne protège pas non plus la chatte contre les tumeurs et les infections utérines.

Une chatte stérilisée grossit-elle toujours ?

Non ! Si vous modifiez l’alimentation de la chatte dès après l’opération et que vous surveillez l’évolution de son poids, la chatte ne deviendra jamais obèse. La période critique se situe surtout durant les 2 mois qui suivent l’opération : la surveillance de la consommation alimentaire doit être très stricte !

Combien de chatons peut avoir une chatte dans sa vie ?

La stérilisation est indispensable pour assurer une régulation de la population féline. Si tant de chatons sont tués à la naissance, c’est parce que l’espèce féline est très prolifique : Un couple de chats peut en principe avoir 20 000 descendants en 4 ans si aucun contrôle de la reproduction n’est pratiqué ! Dans les pays occidentaux, des milliers de chats errants sont sacrifiés chaque année dans les refuges. La stérilisation est évidemment une meilleure solution que ces euthanasies massives.

Un frère et une sœur de portée peuvent-ils s’accoupler ?

Oui, ils peuvent s’accoupler comme n’importe quels mâles et femelles. Néanmoins ce n’est pas toujours souhaitable pour le brassage des gênes. La reproduction intra familiale (consanguinité) concentre en effet les caractères portés par les gênes :  les tares ressortent dans la descendance et à l’inverse certaines caractéristiques positives (critères de beauté par exemple) sont plus nettes. C’est un phénomène bien connu à la base de la sélection faite par l’Homme dans certaines espèces.

Pour en savoir plus…

WELSH P., et al., “Poor owner knowledge of feline reproduction contributes to the high proportion of accidental litters born to UK pet cats », Prev. Vet. Med., 2014, 174 : 118-123 (DOI: 10.1136/vr.101909).

ROMAGNOLI S., et al., “Fertility parameters and reproductive management of Norwegian Forest Cats, Maine Coon, Persian and Bengal cats raised in Italy: a questionnaire-based study”, J. Fel. Med. Surg., 2019 (doi.org/10.1177/1098612X18824181).

CLOIX C., “La contraception chimique chez la chienne et la chatte : réalisation d’une enquête sur les pratiques en clientèle vétérinaire”, Thèse d’exercice, Vetagro sup, Campus vétérinaire de Lyon, 2011.

CECCHETTO M., et al., “Postponement of puberty in queens treated with deslorelin”, J. Fel. Med. Surg., 2017 (DOI: 10.1177/1098612X16688406).

GOERICKE-PESCH S, et al., «Treatment of queens in estrus and after estrus with a GnRH-agonist implant containing 4.7 mg deslorelin; hormonal response, duration of efficacy, and reversibility”, Theriogenology, 2013, 79 : 640-646 (doi: 10.1016/j.theriogenology.2012.11.018).

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