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La gale des oreilles (ou otacariose) chez le chien

#Chien#Santé 29/06/2022

Les otodectes à l’origine de la gale des oreilles sont des acariens qui vivent dans le conduit auditif externe où il se nourrissent de débris épidermiques et de fluides tissulaires comme la lymphe.

Quand suspecter une gale des oreilles

Démangeaisons intenses et production accrue de cérumen sont les signes les plus évidents d’une infestation parasitaire des oreilles mais seul le vétérinaire pourra confirmer l’otacariose car il existe de nombreuses causes d’otite externe. (On parle d’otite externe quand l’affection concerne le conduit auditif de l’oreille).

Facteurs prédisposant à la gale des oreilles

La gale des oreilles affecte surtout les chiens vivant en collectivité ; il s’agit d’une maladie très contagieuse, observable toute l’année. Il est fréquent que le parasite passe de la mère à ses petits avant le sevrage.

Les chiens qui « attrapent » la gale des oreilles sont en général très jeunes : l’âge médian des chiens atteints est de 2,5 ans, la moitié ont moins d’un an et les trois quarts moins de 4 ans.

Dans deux cas sur trois environ, les chiens à otacariose ont des oreilles tombantes ou semi tombantes le bichon, lhassa apso, caniche, cocker, labrador…

Le chien se gratte les oreilles

Le prurit est présent dans la grande majorité des cas, même si le degré d’irritation varie selon les chiens. Chez plus de la moitié des chiens atteints, le seul fait de masser le bord libre du pavillon de l’oreille suffit à provoquer un mouvement de pédalage du membre postérieur situé du même côté ! On appelle cela le « réflexe otopodal ».  Le même comportement est observé lorsque le vétérinaire introduit un instrument dans le conduit auditif.

L’intensité du prurit n’est pas directement corrélée au nombre de parasites présents dans l’oreille, elle dépend du degré de sensibilité du chien ; des mécanismes immunologiques s’ajoutent en effet à l’action irritante directe des acariens.

Le fait qu’un chien se gratte les oreilles ne veut pas toujours dire qu’il souffre de gale des oreilles car c’est un signe très fréquent lors d’otite externe. En revanche, lors de gale des oreilles, les démangeaisons concernent les deux oreilles dans plus de 90 % des cas, ce qui constitue un indice plus caractéristique.

La production de cérumen augmente

Le cérumen est une substance grasse qui protège l’épiderme du conduit auriculaire. Il est produit par deux types de glandes, les glandes sudoripares (aussi appelées glandes cérumineuses) et les glandes sébacées. Les premières sont surtout situées près du tympan et les secondes sont réparties à l’entrée du conduit auditif.

Lors d’irritation chronique du conduit auriculaire, le volume de ces glandes augmente, ainsi que la production de cérumen. La gale des oreilles provoque donc ce qu’on appelle une otite cérumineuse.

L’aspect et la couleur du cérumen varient selon le type d’otite : lors d’otacariose, il est en général sec et noirâtre mais il peut aussi paraître épais et brunâtre. Comme le prurit, ce type de cérumen est observé dans d’autres types d’otites, cela ne suffit donc pas pour conclure à la présence d’une gale des oreilles.

Faire le diagnostic de la gale des oreilles

Seule la mise en évidence du parasite adulte (Otodectes cynotis) ou de ses œufs permet de faire le diagnostic formel d’otacariose.

Observation du parasite et des lésions

Le vétérinaire doit donc procéder à un examen des conduits auditifs (avec un otoscope) et pratiquer un curetage dans le conduit pour récupérer du cérumen qu’il examinera au microscope. Les parasites peuvent aussi être vus directement dans le conduit auriculaire. Lorsque le chien est très sensible et/ou qu’il a très mal, une tranquillisation, voire une anesthésie, sera pratiquée pour effectuer le prélèvement en toute sécurité, sans faire souffrir le chien.

L’absence de parasites visibles dans le prélèvement ne permet pas de totalement éliminer l’hypothèse d’une gale des oreilles : dans 10 à 15 % des cas, des parasites sont bel et bien présents mais non visibles.

Au cours de l’examen, le vétérinaire observera aussi les lésions présentes dans les conduits auriculaires. La présence des parasites peut en effet provoquer un œdème, une vasodilatation locale, une hypertrophie des glandes locales et parfois un épaississement de l’épiderme. Le traitement devra prendre en compte l’existence de ces lésions pour éviter le risque de complications ultérieures. Il faut par exemple être sûr que, si l’on traite directement dans l’oreille, le produit actif pourra diffuser dans l’ensemble du conduit auditif.

Hypersensibilité aux acariens

Une otacariose entraîne souvent un état d’hypersensibilité aux acariens en général. Dans ce cas, si l’hypothèse d’une allergie est également explorée, les tests d’intradermoréaction permettant de repérer les allergies auxquels le chien est sensible produisent très souvent des réactions positives envers les acariens présents dans la poussière de maison. Lorsque l’otite parasitaire est traitée, ces réactions positives disparaissent rapidement.

Autres affections associées

Des études montrent que presque 30 % des chiens atteints de gale des oreilles présentent une autre affection dermatologique. Les chiens à otacariose sont aussi souvent victimes d’infestation par les puces, de démodécie, de gale sarcoptique, de teigne… Comme l’otocariose, toutes ces maladies peuvent être transmise à la faveur d’une cohabitation étroite avec d’autres chiens.

Traitement local ou général

Bien que fréquente et souvent considérée comme banale, l’importance des otacarioses canines est paradoxalement sous-estimée. Une gale des oreilles peut en effet souvent être le point de départ d’une otite où interviennent ensuite d’autres agents pathogènes, tels que des champignons parasites (des levures du type Malassezia par exemple). Pour éviter les complications, il faut que la gale des oreilles soit traitée rapidement et efficacement.

Le traitement d’une gale des oreilles repose sur l’utilisation de médicaments antiparasitaires actifs sur Otodectes cynotis. Lorsque le prurit est important et/ou que l’animal est difficile à soigner, il peut être très difficile d’instiller des gouttes directement dans l’oreille ; les traitements administrables par voie générale (en comprimés ou par l’intermédiaire de pipettes « spot on ») sont donc souvent préférables.

Les traitements par voie générale peuvent paraître plus simples mais leur efficacité dépend de la bonne observance du mode d’emploi. Si une pipette antiparasitaire n’est pas appliquée sur la peau (les poils étant écartés pour la dégager) ou si l’on ne s’assure pas que le chien a effectivement avalé le comprimé qu’on vient de lui donner, le traitement ne sert à rien.

Même si l’état de votre chien s’améliore et qu’il semble ne plus souffrir des oreilles, respectez la durée du traitement prescrite.

La gale des oreilles est une maladie contagieuse ; il convient donc de traiter tous les animaux qui vivent ensemble (chiens, chats, furets), même s’ils ne manifestent pas de symptômes. Des visites vétérinaires de contrôle sont impératives pendant au moins deux mois, pour vérifier l’efficacité du traitement.

FAQ

La gale des oreilles touche-t-elle d’autres animaux ?

Malgré son nom (Otodectes cynotis), ce parasite peut être retrouvé chez bien d’autres animaux que les chiens : les chats et les furets sont également des hôtes possibles, sans parler de carnivores sauvages tels que le renard par exemple. La contamination entre individus a lieu essentiellement par contacts directs.

La gale des oreilles peut-elle provoquer des lésions ailleurs que dans les oreilles ?

Il arrive que les otodectes s’aventurent hors des oreilles, colonisent la peau et provoquent des démangeaisons ailleurs sur le corps mais cela est rare chez le chien.

La gale des oreilles est-elle transmissible à l’homme ?

Aucun cas de contamination de l’animal à l’homme n’a jamais été décrit. Les parasites sont incapables de se reproduire dans le conduit auditif humain.

Pour en savoir plus, découvrez cet article ainsi que cette vidéo :

La gale du chien

Les otites du chien